Comment préserver un Petit Pot, par Jennifer Harman
« Le poker est un jeu où il faut être capable de prendre des décisions »
« Je crois fermement que le poker c’est avant tout une question de choix. Parfois, on doit prendre des décisions. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, on doit assumer leurs conséquences. C’est inévitable », nous confie Jennifer Harman, cette professionnelle du poker très connue dans le monde du cash game. Les quelques secrets qu’elle nous révèle aujourd’hui peuvent être très profitables à nos amis lecteurs : n’oubliez pas que Jennifer Harman a accumulé plus de 2 000 000 d’euros de gain en tournoi en 2008.
« D'après mon expérience, plus la taille du pot est grande, plus la décision est difficile à prendre. En toute logique, vous en déduirez que plus la taille du pot est petite, moins il est difficile de prendre la décision ! », exprime la seule femme régulière « Big Game » du Bellagio.
« Lors d’un tournoi, je vous conseille de maintenir le pot à une petite taille, surtout si les mains que vous possédez n’ont rien d’exceptionnel. Ca ne sert vraiment à rien de s’exposer inutilement au danger au poker : souvent quand on joue une top-paire* ou un kicker* moyen, on se retrouve dans des situations où on peut perdre tous ses jetons ! ».
« Lors des World Series of Poker, j’ai vécu une situation qu’il serait intéressant de vous faire part. En tout début de tournoi, je me positionnais en cut-off avec K-J, ce qui est tout de même pas si mal. Tout le monde s’est couché, puis vint mon tour. J’ai décidé de relancer mais j’étais suivi de très prêt par le « button ». Les deux blinds, quant à eux, se sont couchés, nous laissant en heads-up sur ce flop ».
« Le flop donna J-9-3 avec deux carreaux. Mais si le « button » avait une Quinte ou une Couleur sur la table, je me serais fait laminée à coup sûr… J'ai donc préféré demander à regarder les cartes. En un instant, scandale : le « button » décide de miser deux-tiers du pot ! Je me suis dit que s’il gagnait cette manche, il battrait tous les autres joueurs présents autour de la table, y compris moi... ».
« Puis me vint à l’esprit l’idée que mon adversaire était peut-être en train de bluffer, tout simplement. J’avais tout de même A-K au dernier tirage. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui ? Le « turn » fut médiocre et le « button » ne gagna rien de bien avantageux. J’ai décidé de contrôler la taille du pot en checkant. Si j’avais misé comme une idiote, j’aurai tout perdu ».
« Au final, le « button » demanda lui aussi de vérifier les cartes et je fus désignée gagnante avec seulement K-J. Certes, je n’ai pas remporté un pot fabuleux mais d’un côté je n’ai rien perdu non plus ».
Top paire: Paire composée de la plus forte des cartes communes et d’une carte de la main.
Kicker: Désigne une carte qui accompagne une main de poker.
